Les Dragons

Les Dragons étaient les dernières créatures du peuplement. L’aboutissement de toute une prophétie. Il était dit à l’éveil des Cinqs qu’ils peupleraient le monde de leurs créations, et le modèleraient à leur goût tout au long d’un dur travail qui dureraient un temps indéterminé. Et il fut dit aussi que tout au long du peuplement, leur expérience de la création grandirait, et avec celle-ci, leurs créations se rapprocheraient de plus en plus du parfait, jusqu’à en atteindre les limites, sans pouvoir cependant le réaliser, car le parfait est bel et bien impossible. C’est l’inverse du néant. C’est le tout, et on ne le trouve nulle part dans tout ce qui existe, a existé, et existera jamais. C’est une des lois fondamentales.

 

Or, il se trouva que les Dragons furent créés les derniers. Les Cinqs surent avant même de les réaliser que ce serait les derniers, et que jamais ils ne pourraient refaire ce qu’ils étaient en train de préparer.

 Eau leur donna une armature et une constitution solide comme l’acier, et ils furent aussi inébranlables qu’une montagne. Vent leur fournit des ailes vastes et puissantes, et une endurance exceptionnelle, de telle sorte qu’ils pouvaient parcourir des lieux et des lieux en quelques heures sans ressentir la moindre fatigue. Soleil leur forgea une carapace resplendissante à toute épreuve. Feu quand à lui leur présenta des armes capables de réduire des villes en cendre. Puis vint Nature, et elle leur confectionna une âme pour les animer. Cette âme était pure et sans faille. Ils en fut créé cent onze. Qui sait combien il en reste encore dans les mondes…

 

Il en fut ainsi, et les Dragons furent réalisés dans la plus profonde union. Une seule sorte de Dragons fut créés en ce monde. On leur donne parfois le nom de Dragons d’or, à cause de leur remarquable cuirasse, forgée par Soleil. Ces véritables montagnes de muscles et de sagesse mesuraient au moins cinquante mètres de long, avec une envergure égale. Crêtes rouges et écailles d’or, leurs griffes affûtées comme des lames de cimeterres atteignaient en général un mètre de long, voire plus. Elles creusaient de terribles sillons dans les rangs d’une armée d’ennemis. Quand aux jets de flammes qu’ils avaient la capacité de cracher, ils pouvaient brûler vingt mètres de terrain. Pour ce qui est de leurs crocs, ils sont d’une taille équivalente aux griffes, mais il est peu probable qu’ils aient jamais avalés un ennemi, sinon par erreur. On sait d’ailleurs peu de choses sur leur nourriture et la façon de se la procurer.

Parlons aussi de leur cuirasse. Une armure indestructible que même le feu ne parvenait pas seulement à entamer. Eclatante comme le soleil, elle détournait flèches et lances, et on dit que même un carreau de baliste ne leur faisait pas plus mal qu’une aiguille. Ils avaient en eux la contenance d’eau, et une fois un but fixé, rien sinon la sagesse ne les en détournait. La magie n’avait pas d’emprise sur eux, et ils se jouaient des faibles personnages qui tentaient futilement de les contrôler, car ils possédaient une intelligence sans borne. Enfin, ils semblaient indestructibles, que ce soit au combat ou sous le joug du temps. Celui qui a vu naître un dragon ne le verra jamais mourir, ce qu’ils ne manquent pas de faire d’ailleurs un jour, discrètement et en toute simplicité quand ils sentent leur temps terminé. D’où une suite de rumeurs ridicules d’après lesquelles les Dragons seraient immortels. Personne n’est immortel, c’est aussi une des lois fondamentales, et même les Cinq verrons un jour leur temps se terminer, et leur tour de disparaître. Pour les Dragon, ce temps vient généralement après une durée d’environ cent mille années humaines.

 

Mais il ne faut pas voir les Dragons comme des créatures barbares et sanguinaires, et encore moins comme des bêtes. C’était les plus respectables, sages et courtois puits de savoir que le monde avait jamais accueillit. Ils savait par exemple employer la quasi-totalité des langues imaginées dans le monde, surtout si l’on considère le fait qu’ils maîtrisaient parfaitement la télépathie et autres pouvoirs de la force mentale, étant dotés d’un cerveau aux multiples divisions et fonctions.

Aimables si on était poli avec eux, ils se révélaient souvent de bons et loyaux amis si vous en étiez digne. Mais ne nous méprenons pas. Pas des serviteurs. Les viles personnes qui tentèrent jamais d’asservir un ou des Dragons ne sont plus là pour le dire. En effet, les Dragons, en plus d’être de parfaites machines à tuer, sont des « penseurs » redoutables. Ils devinent vos intentions sur un clignement de paupière, ou une respiration. Ne mentez jamais à un Dragon si jamais vous avez la chance d’en rencontrer un, ce qui est cependant peu probable, car ils sont tous partis dans un lieu où jamais un humain n’a mis et ne mettra les pieds.

 

C’était également les seules créatures de ce monde à posséder un squelette parfaitement bleu. Si un jour vous trouvez un os bleu, c’est un os de Dragon. Mais c’est très peu probable. Le commerce en était autrefois friand, mais les vrais os de Dragons étaient extrêmement rares, et la plupart de ceux vendus étaient des faux, car les Dragons prennent soins de leurs congénères à leur mort, et il est fréquent qu’il les enterrent profondément dans les racines même de la terre ou d’une montagne, ou encore qu’ils le brûle entièrement. Quand à tuer un Dragon pour s’approprier ses os… vous comprendrez que ceux qui l’ont tenté ne sont pas revenus.

 

Retour au sommaire du monde de l'histoire- Retour au sommaire du monde d'Atlendor

Retour au sommaire